Publicado por Tchissap
2 juin 2020
EMERGENCE ET ELABORATION
1. Le Haut Conseil du Cabinda – son émergence
Le Haut Conseil du Cabinda a été créé au Centre International de Formation au Maintien de la Paix Kofi Annan (KAIPTC), lors de la Rencontre Inter-Cabindaise tenue à Accra au Ghana entre le 21 et le 24 octobre 2019. C’est l’événement le plus marquant depuis la signature du Memorandum d’entente en 2006 dans le panorama historique des organisations politiques qui luttent pour la liberté et la dignité du peuple cabindais. Son émergence et sa consolidation s’inscrivent dans le cadre d’une initiative innovante sur un nouveau paradigme de gouvernance collégiale et consensuelle. La création du HCC est également née d’une situation particulièrement exceptionnelle pour les raisons suivantes :
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Le 03 juin 2016, les indépendantistes cabindais ont perdu leur dernière figure de proue, le dernier père fondateur qui a maintenu la flamme de la lutte du peuple cabindais au sommet, le feu Président du Flec-Fac, Nzita Tiago Henriques. Cette disparition a eu un grand impact sur la lutte, avec des signes évidents d’affaiblissement, une situation qui a conduit le processus de révendication des droits et libertés des Cabindais dans un état de léthargie.
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Après avoir constaté ce vide qui, à vrai dire, a laissé un sentiment d’orphelinat dans l’âme nationaliste cabindais, certains des enfants de ce peuple ont commencé à bouger pour échanger des idées sur la manière de continuer cette marche de façon plus efficace, sans aucune intention de remplacer les organisations existantes.
2. Le Haut Conseil du Cabinda – Son élaboration
A. Débats et réflexions
Le Haut Conseil du Cabinda est né de l’idée et de la nécessité de rassembler les fils et filles du Cabinda qui se battent pour la même cause. Dès les premiers instants, c’est l’idée d’union qui a été à la base des rencontres qui ont débuté mi-2018 à Lisbonne, sous forme embryonnaire, et ont pris un vrai contour en octobre de la même année. Il y a eu un long moment de discussions pour tenter de déterminer quel serait le meilleur modèle d’union à construire et les meilleures stratégies pour y parvenir.
L’unité dans la diversité semblait être la meilleure réponse aux interrogations de ceux qui se sont donnés à réfléchir sur la question. L’idée de rassembler les Cabindais sur une plate-forme commune semblait aussi être une véritable utopie. Cependant, cette idée de construire l’union à l’occasion d’une rencontre inter-cabindaise était un autre défi au bon sens que les participants à ces réflexions se sont engagés. Une telle réunion nécessitait des moyens financiers importants, mais que personne ne savait où trouver lesdits moyens.
La présence dans l’équipe de réflexion de compétences interdisciplinaires et de personnes issues d’expériences professionnelles et politiques différentes a permis le décodage de nombreuses énigmes qui ont émergé le long du processus de débats et réflexions. Au début du mars 2019, un partenaire a été identifié et s’est porté volontaire pour financer la rencontre. Il était difficile de croire en la promesse faite, mais l’Organisation Africaine de Développement, OAD en sigle, a tenu sa parole, de fil en aiguille, Accra est devenu une réalité.
Les enjeux identifiés par l’équipe préparatoire de la rencontre inter-cabindaise étaient très lucides : contacter tous ceux qui combattent pour le Cabinda et autres personnalités influentes de la société pour envisager conjointement la possibilité d’organiser et de tenir une telle rencontre. Le but de la rencontre était de rassembler les forces vives cabindaises au sein d’une nouvelle organisation représentative et consultative afin d’harmoniser et de structurer les principales révendications des différentes sensibilités politiques et militaires, en cohésion et en consensus.
Les contacts avec les différents dirigeants des organisations politiques ont commencé depuis novembre 2018. Et, connaissant bien la mentalité de la classe politique cabindaise, l’équipe initiatrice et préparatoire a pris toutes les précautions qui s’imposées : éviter d’élaborer un plan de travail pour ensuite le soumettre aux autres organisations. Cette équipe savait que les choses ne fonctionnent pas de la sorte dans la mentalité cabindaise. On a tout laissé ouvert pour donner à tous la possibilité de participer à l’élaboration du projet de la rencontre, ainsi qu’à l’agenda de celle-ci. Cet effort avait un objectif concret : rendre tous les participants actifs du processus, sans que personne ne se sent à la remorque de qui que se soit, et moins encore se réclame en être le propriétaire du processus.
B. Y-a-t-il eu échec du processus d’Accra ?
Malgré les efforts démontrés, les résultats n’ont pas été comme prévu en terme de participation. De nombreux acteurs politiques du Cabinda, après avoir montré leur volonté de collaborer, comme sollicité, ont décidé de créer des polémiques improductifs liées au protagonisme et à l’égocentrisme, ce qui a conduit nombre d’entre eux à décliner, à la dernière minute l’invitation, qu’ils ont reçu directement des partenaires de l’OAD.
Ce que les gens n’ont pas compris dans ce processus, c’est que les initiateurs du processus avaient de bonnes et honnêtes intentions. Malgré l’idée dans un premier temps de trouver, par cooptation des participants, le premier objectif n’était pas de phagocyter telle ou telle organisation. Tous les participants y sont allés en égalité des droits. N’eussent été quelques maladresses après Accra, le Président du Haut Conseil du Cabinda a bel et bien été élu à l’unanimité.
Aujourd’hui, nous avons un Haut Conseil du Cabinda sans fonction de Président, décision prise après la démission de son Président élu. Le Haut Conseil du Cabinda privilégie désormais la gouvernance collégiale et consensuelle, un nouveau paradigme pour dépasser l’éternel écueil égocentrique de leadership. C’est l’échec, tout simplement, de ceux qui ont le virus du protagonisme et de leadership, comme seul moyen d’exister.
HCC met l’accent sur le défi de l’apprentissage démocratique, un pari pour l’avenir.
Le courage, la persévérance, la détermination… la tolérance, l’espoir, l’avenir… la paix, la solidarité, la fraternité… autant de mots, de valeurs, qui résonnent plus que jamais dans nos têtes et dans nos cœurs… raffermissent notre Foi en la Vie, en la Dignité et en la Liberté.
C’est l’effet miroir de la Beauté de notre lutte, de la Force de notre conviction et de la Sagesse de nos coeurs et des esprits de nos ancêtres. Le HCC hisse ainsi le drapeau blanc de la Paix.